Les souvenirs olfactifs de Bénédicte

Quel plaisir pour moi, ce matin en ouvrant mon ordinateur et de trouver cette jolie lettre de souvenirs.

 

Merci, ma chère Bénédicte, vous m’avez plongée dans un moment de volupté, j’imaginais en vous lisant, ce doux parfum de pommes que vous décrivez, (j’en salive encore, et je sens que je vais chausser mes bottes et filer  au marché en acheter!)

 

Et au passage, vous voyez que vous avez aussi de bons souvenirs avec votre grand mère!!! (pas si désagréable, la bougre!!!!!)

 

Les roses que déposait votre père sur la table, a fait ressurgir un souvenir personnel, justement de mon père, qui tous les dimanches revenait avec des roses, mais celles-ci, je ne me souviens pas qu’elles étaient odorantes…)

 

Bon, je ne vais pas tout dévoiler, je fais donc un “copié: collé”, et la magie opère….

 

 

 

“Bonjour Catherine,
En lisant le dernier souvenir olfactif sur votre blog, j’ai eu envie de me lancer. Je crois que c’est l’évocation des marrons chauds qui m’a fait tilt. Alors voilà (une fois lancée j’ai eu du mal à m’arrêter) : 
 
L’odeur des pommes dans le grenier. On les ramassait à l’automne avec mon père, dans la prairie derrière la maison, et on les étalait dans des cageots qu’on montait au grenier, sous les toits. On y piochait tout l’hiver. Le grenier était aussi une sorte de caverne d’Ali Baba, pleine de vieux objets, de poussière, de toiles d’araignée et d’anciens costumes ayant appartenu à la troupe de théâtre de mon grand-père. Un paradis où je jouais avec ma cousine quand elle venait en vacances. On s’inventait des histoires, une vie, qu’on se jouait entre nous. Dans l’odeur des pommes qui vieillissaient lentement, et prenaient du goût. Cette odeur de pomme un peu verte mais acidulée et sucrée, je l’ai retrouvée sur un marché en Bretagne, sur l’étal d’une petite dame qui venait… de Lanvollon, là où je suis née !
 
L’odeur de la tarte aux pommes, qui découle du souvenir précédent, et qui se dégustait l’hiver, au coin du feu ! Ma grand-mère, qui habitait avec nous, mais qui n’était pas très sympa – enfin, disons plutôt que j’étais toute petite, qu’elle était très vieille, et que nous vivions dans des mondes très éloignés – ma grand-mère, donc, avait une recette unique et sublime de tarte aux pommes. Quand elle en faisait, elle nous en donnait toujours. C’est l’un de rares bons souvenirs que j’ai d’elle. Avec la confiture de framboise ! (Ah, la confiture de framboise tout juste cuite… J’en salive rien que d’y penser). Enfin donc, la pomme reinette délicieusement fondue dans le sucre, enveloppée de pâte extra fine et pleine de beurre, sortie toute chaude du four… Cette recette, je l’ai apprise, faite et refaite, et je suis devenue la reine de la tarte aux pommes parmi mes amis. Merci Mamie.
 
Associée à tous ces souvenirs, mais à une autre saison, l’odeur subtile, verte et sucrée de la primevère. C’était la première fleur qui sortait dans le vert des talus et dont je faisais d’énormes bouquets, touffus et duveteux, mélange de jaune pâle et de vert anis. C’était pour moi synonyme du soleil encore frisquet de la fin de l’hivermais plein de promesses, des vacances de pâques, du retour de ma chère cousine. C’est avec elle d’ailleurs que je faisais des bouquets, à celle qui ferait le plus gros. Mon nez dans les primevères… Quel délicieux souvenir, fait de rire et de  joie.
 
Et puis il y avait les roses de mon père. Encore une autre saison, l’été, les fenêtres ouvertes, les bras nus. Ces roses, il en avait planté tout un tas de variétés différentes au fond du jardin. Et souvent, il revenait à midi avec un bouquet hâtivement cueilli qu’il posait sans façon sur la table de la cuisine. Les fleurs étaient grosses, rondes, rouge sang, rose tutu, blanc ivoire, toutes différentes, avec des pétales doux et charnus, des tiges vertes foncées et épaisses hérissées d’épines, et chacune avait une odeur spécifique, une odeur de rose comme on n’en fait plus chez les fleuristes. Je ne la retrouve que dans les jardins, et surtout dans celui de ma sœur ainée, qui, quand la maison a été vendue, a récupéré quelques plans de rosiers. Cette odeur, c’est la délicatesse cachée sous les airs bourrus et pragmatiques de mon père, sa petite part de poésie, son amour pour les fleurs et la nature, et pour ma mère.
 
J’ai encore plein d’autres odeurs dans le nez, dans la tête, dans ma mémoire… Le café frais moulu par mon père le matin, la brioche de mes anniversaires, levure de boulanger et confiture, le métro quand je venais à Paris, le marron chaud sur le trottoir, et puis la mer, le varech séché sur les galets chauds, l’odeur des pins et des sapins… Il me faudrait écrire un livre sur toutes ces odeurs de l’enfance…

Ecrire tout ça me donne le sourire, et me procure un sentiment de douceur, de chaleur, comme si ces odeurs m’enveloppaient comme une couverture douillette. Renouer avec les bons souvenirs, ça fait du bien. Merci pour l’exercice Catherine.”
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